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samedi, 02 juin 2007

L'Esprit du Guépard

 

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« La superstition est un peu plus humaine que la religion, parce qu’elle manque de morale »

Remy de Gourmont, “Pensées inédites”

 

L'Esprit du Guépard

 

Un guépard se promène,

au. milieu des sylvies.

Un hibou sur sa branche observe le fauve.

Il se tient tranquille

La forêt est silencieuse et reposante la nuit.

 

Dans un étang,

un malart et un coq de bruyère

s’envolent en troublant le silence.

Ils ne tiennent pas à servir de rumstecks.

à ce métèque.

 

Le lendemain, un émondeur

découvre le gîte du guépard. 

Il prend ses jambes à son cou

et ameute le peuple thaïs.

 

On s’arme et on bat la forêt.

Un tireur aperçoit le guépard.

Il ose le tir, le vise et le tue.

On fait la fête toute la nuit.

Le sorcier se penche sur les os du guépard.

Le pronostic est mauvais.

Il parle de fantôme, d’esprit…

Depuis les thaïs sont moins zen.

Il ne sortent plus la nuit,

et ne s’aventurent plus dans la forêt.

Les anciens disent :

« Ce guépard ne nous avait pas  fait de mal,

pourquoi l’avoir détruit ? C’était notre grigri !».

Le peuple thaïs n’est plus le même.

L’esprit du guépard les hantent jour et nuit.

mardi, 29 mai 2007

La Veuve Rouge

« Les amants à la longue deviennent des maris ».

Catherine Bernard (Riquet à la Houppe).

 

 

« Les femmes ont autant de façons d’aimer que d’amants, de sorte que chacun peut croire qu’il est le premier ».

Alfred Capus

 

 

 

 

La Veuve Rouge

 

 

La jeune veuve, dégantée de noir,

a peint, de rouge, son corsage,

ses lèvres et ses joues.

Le noir ne lui allait pas.

Fière, elle se relooke.

 

 

Dans la zup les hommes  reluquent

ses souliers rouges à talons hauts,

ses bas à résilles et sa jupe d’un jaune

violent.

.

Ils ont des pinçures au cœur.

Ils la flairent ouverte et gémissante.

 

 

Son jules dessinait des bédés.

Il a été dessoudé par qui ? pour quoi ?

Ses seuls défauts :

D’afficher son athéisme à tous crins

et d’exhumer trop souvent

ses vieilles bédés invendues.

De plus, il s’adonnait soi-disant à l’héro…

 

 

Stop les sabliers ! Stop les pendules !

 

 

La veuve s’est arrêtée.

Elle caresse l’or de son collier.

Elle jette un coup d’œil à la fenêtre haute

d’un immeuble

La veuve rouge a un amant !

Tous les hommes suivent son regard

Un jaloux serre déjà les dents.

Il y aura beaucoup d’amoureux marris :

Mais, qu’ils se consolent,

une femme se lasse plus vite d’un amant que d’un mari.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

lundi, 28 mai 2007

Un Amour de Tiki

 

 

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« C’est la destinée de l’homme que de faire des dieux, toujours plus croyables, où il croira de moins en moins. » Jean Rostand ( Pensées d’un Biologiste)

Un Amour de Tiki

Le polynésien bornoya le tiki,
et d’un coup lui planta son épieu,
en plein front.
C’était sa façon à lui
de dire son oraison funèbre,
à ce dieu qu’il avait tant imploré.

Une octave d’attente, après sa supplique,
et il souffrait toujours d’asialie.
Sa prière était restée sans suite.

Un ovate consulté en Gaule.
Rien n’y fit. !
Les conseils d’un juif :
Se recouvrir la tête d’un toled.
Rien n’y fit !
Il était prêt à tout pour retrouver la santé.

Il trempa sa tête en furie,
dans une vasque naturelle,
et il eut une illumination.

Il retourna penaud vers le tiki.
Retira son épieu,
Lui mis un gros pansement,
Lui demanda pardon.

Le tiki tangua, comme un dieu ivre,
et le polynésien retrouva sa salive.

Ne faut-il pas brutaliser un peu nos dieux,
que nous avons créés, pour qu’ils nous exaucent ?

vendredi, 25 mai 2007

Le Giton et la Guenon

« On ne peut nier que la femme a distancé la guenon plus que l’homme le singe ».

Jacques DEVAL ( Afin de Vivre Bel et Bien)

 

 

Le Giton et la Guenon

 

 

Dans un bouchot, sous les embruns, un giton typé,

avec du  blush sur les joues et qui se drogue à  l’héro,

regarde à la jumelle une guenon.

Elle fume un houka et boit de l’ouzo, sur la plage.

Il se dévase et tout flapi, arrive à ses côtés.

Il  lui montre ses biscotos et lui demande son cursus.

Elle le regarde tel un wali en face du dey.

 

 

Il lui remixe la question en plus adulte, avec des gestes ixés.

Elle l’élude, calée sur son derrière.

Il lui propose, avec ses poings, de monter sur le ring.

Futée, cette fois, elle ne se fait pas prier.

Zou !

Il l’attache avec un fune et l’entraîne dans son living.

Telle une hase, elle couine dans le nid du giton,

les jambes en compas et en rhumb.

Excitée, elle crève un paquet de farine qu’elle panifie.

Depuis, elle lui coud ses boutons,

conduit  sa vespa,

l’interdit de jeu,

l’aide à passer ses examens,

et lui sert de vigile,

pour le préserver des assauts de ses ex-partenaires.

 

 

Le soir, ils chantent en chœur des chansons paillardes,

en buvant de l’ouzo et en fumant de l’héro curide avec un houka .

Ils font un boucan du diable !

Les voisins envisagent de les transférer chez les dingues. 

jeudi, 24 mai 2007

Le Garde Champêtre

« Après tout, il faut avoir une jeunesse. L’âge où l’on se décide à être jeune importe peu… »

Henri Duvernois ( La Brebis Galeuse)

 

 

 

 

Le Garde Champêtre

 

 

Le garde champêtre est à la retraite.

Il souffre d’une maladie tubaire.

Sa femme lui a fariné son képi

et mis sous clé son pétun.

Il répand une odeur de tabac vomi.

 

 

Elle a décidé d’apprendre le slow,

et de se faire faire un lifting.

 

 

Ils se sont mariés à Cayenne.

Lui, gardien du bagne, il sacquait dur.

Elle, décousait ce qu’elle avait décousu.

 

 

Il savait bien que sa femme un jour fanerait.

Il ne pensait pas si vite.

 

 

Il se mit à fréquenter un dojo,

à courir, à marcher,

Bref, à rajeunir,

et sa maladie à périr.

 

 

Sa femme point ne s’en aperçut.

Un jour, lui,  il fit le point

et s’éclipsa avec une jeune fille d’un pays lointain.

 

 

Son garde champêtre a pris la poudre d’escampette,

sans tambour ni trompette.

 

 

Il n’est pas prêt de revenir.

 

 

Sa femme n’a pas les moyens pour un lifting.

Elle mange des pommes reinettes à tous les repas.

Il paraît que ça aide à rajeunir et à maigrir.

 

 

Elle raconte partout que son mari reviendra,

la tête basse et la queue entre les jambes,

quand sa pute n’en voudra plus.

 

 

Les gens opinent du bonnet, mais n’en sont pas si sûrs…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

lundi, 21 mai 2007

Marins Relous

« Je sais nager juste assez pour me retenir de sauver les autres ».

Jules Renard

 

 

« Dans un incendie, entre un Rembrandt et un chat, je sauverais le chat »

Alberto Giacometti

 

 

 

 

Marins Relous

 

 

La mer déteste les marins relous.

Il faut savoir amurer son foc

Renifler le zef  et les remous

Barrer sans équivoque.

 

 

Pas nécessaire d’être de l’amirauté

Avoir une casquette à gallons dorés

La mer peut être étale ou secouée

Restez zen, gai, mais toujours prudent

 

 

Bref ! naviguez joyeux

Lâchez du lest de temps en temps.

Les rochers, ne les perdez pas des yeux

Louvoyez, épiez les phares et les courants.

 

 

Contre les requins, serrez les dents.

Soyez dans le vent ! jour et nuit

Je vous conseille tout cela aujourd’hui,

Car j’ai sombré avec ma femme et mon chat.

 

 

J’étais un marin d’eau douce, un marin relou.

Pour revoir ma dulcinée à la Guadeloupe,

J’avais loué un vieux rafiot.

Il repose à plusieurs pouces au fond de l’eau.

 

 

J’ai réussi à m’en tirer à la nage,

En pagayant tant bien que mal,

À cheval sur le grand mât. Mais rassurez-vous,

J’ai réussi, malgré tout, à sauver mon chat…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

dimanche, 20 mai 2007

Echec et Mat

« Mais n’est-ce pas déjà l’insulter injurieusement que d’appeler les échecs un jeu ? »

Stéfan SWEIG ( Le Joueur d’Echecs )

 

 

«  Toutes les femmes sont fatales ; on commence par leur devoir la vie, elles finissent par causer notre perte ».

Antoine Blondin ( Certificats d’études )

 

 

 

 

Echec et Mat

 

 

La maison des jeunes ressemble à un ashram.

A l’étage on y chante un fado mélancolique,

Une guitare do sol la ré sol la.

Le bruit du périf est très assourdi.

Ce lieu est un petit paradis.

 

 

Dans la salle du bas, des joueurs d’échecs,

très absorbés :

à une table les blancs et les noirs ont roqué.

Les blancs ont le visage hâve et crispé.

Il faudrait seulement que le roi soit dégagé.

Les noirs se pâment, très à l’aise.

Ils mijotent un coup de maître.

 

 

Une miss, jupe courte et aguicheuse

entre sans frapper.

Les joueurs la regardent les yeux chavirés.

Les noirs en profitent pour déplacer un cavalier,

et foudroient les blancs, avec un mat à l’étouffé.

 

 

On ne joue pas pour gagner ou pour perdre.

On joue pour savoir si on va perdre ou gagner.

Pour ça et pour nous les hommes, les femmes peuvent nous y aider…

 

 

mardi, 15 mai 2007

Un Aviso mal avisé

Un Aviso mal avisé

 

Dans les yeuses pourrit un aviso,

derrière des clisses.

Lui tiennent compagnie

des bocaux sales

et des touques cabossées.

 

Son voyage est bien fini.

Il faudrait le louver en light,

pour lui éviter un vilain sabré.

 

Il boxe avec le vent.

Il lute avec le temps

Il boit des lampées vitaminiques

qui le font jouir le jour et gémir la nuit .

 

Autour de lui on a écobué le sol

Il sent le vrai et le faux.

Il est gominé et figé

pour une bonne éternité.

 

Les yeuses lui font un parasol,

pour soulager sa dernière remorque

en loques.

Des oiseaux souillons l’accompagnent,

dans ses rêves d’embruns.

 

L’aviso est bien solitaire et fatigué.

Il ne veille plus au grain

Il a largué sa hargne,

et ses souvenirs de campagnes.

Il se bat avec une dernière et vilaine tempête :

celle d’une misérable  retraite…

   

 

dimanche, 13 mai 2007

Christ Interlope

« Ton Christ est juif, ta pizza est italienne, ton café est brésilien, ta voiture est japonaise, ton écriture est latine, tes vacances sont turques, tes chiffres sont arabes et… tu reproches à ton voisin d’être étranger ! ».

Julos Beaucarne

 

 

 

 

 Christ Interlope

 

 

Je ne vois rien d’outrageant,

de malsain, d’incorrect, de sacrilège,

d’imaginer un Christ interlope,

avec comme disciples :

un chef sioux

un apache

trois moines bouddhistes

trois tommy

trois harkis

un violeur

 

 

Je les imagine parfaitement

au repas de la Cène,

dans un kondo

buvant du rioja et du kéfir

et rompant des galettes de sésame.

 

 

Pour finir,

Le Christ acceptant d’être proprement

Pendu.

 

 

Avec, autour du gibet,

sa mère et ses douze apôtres,

dansant un rigodon,

pour le rachat de nos péchés.

 

 

Cela n’aurait sans doute rien changé,

aux sectes, aux croyances,

et  aux guerres de religion.

 

 

Une chose cependant est sûre,

Bethléem, Jérusalem, Israël, La Palestine,

ne seraient pas aujourd’hui

le théâtre du massacre des innocents. 

 

 

 

 

Un Mouloud chez les Orques

« Une chute du troisième étage fait autant de dégâts qu’une chute du centième étage. Si je dois tomber, qu’au moins je tombe de très haut ».

            Paulo Coelho ( Sur le bord de la rivière Piédra )

 

Un Mouloud chez les Orques

 

Il s’en souviendra :

C’était le Mouloud ;

Il voulut fêter le prophète à sa façon.

I l  décida de faire du parapente.

Il était tétanisé.

On lui avait affirmé qu’il était incassable,

comme du Pirex

Il se sentait malgré tout menotté.

Il sortait péniblement d’une pyrexie.

 

Il osa et prit son envol comme un aigle,

avec une envie folle de dégueuler.

 

Il se mit à raser les usines, le fleuve Rhône,

les arbres, …les mottes… et…à dégringoler.

Il n’eut pas le temps d’aviser.

Il atterrit dans un bassin,

au milieu des orques.

Les spectateurs l’applaudirent

ou le raillèrent,

en lui criant : Va te rhabiller ! Quel vol de mouette !

ou : Eh ! t’apprends à nager ?!

Il dégueula sur les orques, pas du tout contrariés.

 

Son Mouloud fut un baptême de l’air, très « orquanisé ».

 

Un Rhyton Rhésus

« Si l’homme descend du singe, il peut aussi y remonter ».

Buster Keaton

 

 

Un rhyton Rhésus

 

 

Dans l’antiquité, les chasseurs buvaient,

dans des rhytons : coupes en forme de corne,

ou de tête d’animal.

 

 

Aujourd’hui le chasseur orgueilleux se prend

pour un preux.

Il fait empailler ses trophées de chasse,

par taxidermie.

Il les exhibe dans sa maison,

ou son pavillon de chasse.

Jamais il ne s’en lasse…

 

 

 

 

Les musées en sont très friands.

 

 

J’ai vu une tête de rhésus dans un musée.

Un nègre perplexe la regardait bizarrement.

Il se frottait le crâne craintivement

Les élèves d’un lycée riaient niaisement.

Pauvre rhésus, pauvre nègre, pauvres lycéens.

 

 

On dit que l’homme descend du singe.

Ne serait-ce pas l’inverse ?

Darwin n’a peut-être pas complètement raison.

Des racistes appellent encore les nègres des singes.

Eux sont sûrement des infectes babouins qui s’ignorent.

 

 

J’ai zoomé sur le rhésus et le gardien m’a fustigé.

Il devait être au smic, manger bio le dimanche,

et cuire à la vapeur ses aliments.

Il était trop propret pour être honnête et intelligent.

 

 

« Vous allez abîmé la tête, m’a-t-il dit, et aujourd’hui

on ne peut plus se le permettre. Les singes sont protégés  »

 

 

Je lui ai répondu :

«  Heureusement ! mais la vôtre n’est pas protégée.

Prenez-y garde !  »

 

 

Il m’a traité de tous les noms d’animaux qu’il connaissait.

Je l’ai remercié et j’ai zoomé sur sa tête.

 

 

« Elle est trop belle !

 j’en ferai faire un rhyton pour pisser dedans! » lui ai-je lancé.

 

 

Il m’a traité de pt’it con.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

jeudi, 10 mai 2007

SemblableS et DifférentS

« Tolérance : c’est quand on connaît des cons et qu’on ne dit pas les noms ».

Pierre DORIS

 

 

«  La tolérance, c’est la civilisation par excellence ».

Gilles Perrault ( Extrait d’un entretien avec Didier Sénégal – Juin 1994)

 

 

SemblableS et DifférentS

 

 

 

 

Quelle différence peut-il y avoir,

entre un Sioux,

avec son arc et ses flèches empennées.

un Japonais avec sa biwa,

et un Chinois Ming confucéen déterminé ?

 

 

Ils peuvent très bien avoir le même âge,

Boire ensemble un bon vin français,

Du rioja ou de l’arak.

Manger une farofa, sans ergoter.

Ecouter la biwa du japonais sans se fâcher

Bref ! être tous des gens pondérés.

 

 

Les races et les hommes ne sont pas englués.

La Fin d'un Mac

« Le visage est l’image de l’âme »

CICERON

 

 

La fin d’un mac

 

 

Sa meuf, il la maque dur, dur.

Lui, il ne se déplace qu’en tilbury.

Il ne mange que du maquée,

le seul fromage qu’il apprécie.

Sa vanité n’a pas de bornes.

Il est infoutu de travailler.

Il s’abîme dans le Fitou.

Son ivresse, seule, le tient debout.

Il se iodle la gorge,

pour ne pas faire de bruit.

Il porte le soir un masque,

de peur de se noyer,

dans les grandes cités.

Il ne manque jamais

Dallas à la télé.

Il ne se veut le valet de personne.

Le fric, il le rapine,

quand se meuf ne tapine pas.

 

 

Un matin, il s’est vu , dans son miroir,

le visage tavelé, comme passé au bédane.

Un aspect horrible.

Il a pris son masque de carnaval.

Il s’est converti en dealer.

Un beau soir, on l’a trouvé, râlant sur le trottoir,

assassiné, à coups d’égoïne.

mercredi, 09 mai 2007

Mahomet est avec moi

« Puisque la montagne ne vient pas à nous, allons à la montagne ».

MAHOMET

 

«  Assiste ton frère qu’il soit oppresseur ou opprimé ».

Mahomet

       

Mahomet est avec moi

 

Je suis belge hutois,

J’aire comme koteur, en face d’une mosquée,

bâtie sur des versets rocheux.

Dans l’iwan, j’oralise mes sourates,

quand le temps est pluvieux.

 

L’imam m’a surpris et chassé,

à coups de knout.

Selon lui, je parodiais le prophète.

 

Je lui ai cloué le chou, en le frappant.

Il avait une abeille sur la tempe.

Il m’avait tout l’air d’un démon.

 

Je ne suis pas son amigo,

mais il se leurre.

Je le prendrai dans mes filets, tout de go.

 

Je ne suis pas un clabaud.

Le divin m’excite,

et le ciel m’aidera

 

Je travaille comme garçon de café.

Le baes m’a converti au bouddhisme.

Je porte l’habit des moines.

Je vais, de ce pas, rendre visite à mon imam,

et lui réciter mon coran , versus à ses versets

qui  lapident les femmes voilées,

 interdisent le cochon, y compris le petit salé.

 

Je suis belge hutois, et  je vous le dis,

l'imam va entendre parler de moi.

Mahomet est avec moi.

Les Fugitifs

« La liberté est comme la peste. Tant qu’on a pas jeté à la mer le dernier pestiféré, on n’a rien fait » Stendhal (Journal)

 

 

 

 

Les Fugitifs

 

 

L’adav abuta le silt.

Le bruit du moteur fit fuir,

tous les hôtes de la forêt.

 

 

Au loin la mer dansait,

sur une rivière de diams.

 

 

Un mec descendit de la carlingue,

avec un sax,

suivi de trois autres individus,

porteurs d’instruments musicaux.

 

 

Ils formèrent un combo.

Ils jouèrent sur la plage un jazz,

éploré,

à vous arracher les tripes.

 

 

Ils s’étaient tous enfuis d’un pénitencier,

pour s’aérer.

 

 

Le cinquième avait été tué,

au début de leur cavale,

tiré comme un lapin,

par leur geôlier.

 

 

Ils jetèrent son corps à la mer.

 

 

Ils jouèrent des heures et des heures,

sur cette île déserte, un jazz requiem.

 

 

Ils reprirent l’adav.

Subitement il  hoqueta,

et s’abîma dans la mer.

 

 

La musique, dit-on, adoucit les mœurs,

mais on reste toujours prisonnier.

lundi, 07 mai 2007

Le Golem

« Créer n’est pas un jeu quelque peu frivole.

Le créateur s’est engagé dans une aventure effrayante,

qui est d’assumer soi-même, jusqu’au bout, les périls risqués par ses créatures »

Jean Genet ( Journal du Voleur)

 

Le Golem

 

Le golem avait disparu.

Son créateur, un rabbin,

lança un gros juron et courut à sa recherche.

Il le trouva au zoo, en face d’un sajou.

Le golem paraissait ému et émerveillé.

Le mot EMET, écrit sur son front,

était presque effacé.

 

Le rabbin s’approcha du golem et le sermonna.

Celui-ci le regarda durement.

Il lui mit les deux mains autour de son cou.

Le rabbin anhéla et perdit son souffle.

Le golem le prit dans ses bras,

et le jeta aux caïmans.

 

Des visiteurs horrifiés, hurlèrent en courant.

Le gardien armé d’un fusil visa le golem en plein front.

Le golem s’écroula sans aucune goutte de sang.

Stupéfaction !

Un kabbaliste allemand, amateur de robots humanoïdes,

se pencha sur le corps en murmurant :

« La créature ne s’entend pas forcément avec son créateur »

Pour le golem, se fut le seul sermon.

Pour les reliques du rabbin, on fit un très bel enterrement.

La Ballade des Thugs

« La critique est aisée, et l’art est difficile » DESTOUCHES, Le Glorieux (faussement attribué à Boileau)

 

La Ballade des Thugs

 

Son oratorio était tellement magnifique

qu’on le jalousait.

Des compositeurs lui opposèrent Haendel et Bach.

À juste raison :

Les oratorios de Haendel sont sublimes,

et l’Oratorio de Noël de Bach aussi.

Rien à voir avec le sien !

Il se mit quand même à douter.

Son problème devint une aporie.

Sa femme lui conseilla d’écrire

un Ave Maria, comme Gounod.

Il s’emporta avec violence.

Gounod ! Bach ! Haendel !

Non ! j’aimerais mieux écrire une biguine

et la danser avec un gibus.

Sa femme lui prépara des endives,

avec un grand bourgogne carafé.

Ça l’aidait à raisonner.

Il finit son repas avec une chope de bière

et alla voir une tireuse de cartes, fardée de khôl.

Elle brassa les cartes, les tria et fit un bond :

elle venait de tirer l’arcane XI Le Pendu.

Elle était une prêtresse de la déesse Kali.

Elle lui parla de la fraternité des thugs,

dont l’arme est le nœud coulant.

Votre musique doit avoir un rapport avec eux.

Il sortit bouleversé.

Il se remit au travail et composa en un tour de main:

“La Ballade des Thugs”

Elle eut un énorme succès.

Les compositeurs chagrins se gardèrent bien de lui témoigner du dédain :

Le bruit courait qu’il faisait partie de cette secte d’étrangleurs assassins.

samedi, 05 mai 2007

La cueillette des olives

« Plus tu absorbes de beauté, plus tu peux refléter de beauté. Plus tu absorbes d’amour, plus d’amour tu as à donner » Mézig

 

 

La cueillette des olives

 

 

À peine cueillies,

les olives vont au pressoir.

L’huile coule dans la maye.

C’est un bonheur de tous les sens.

Dehors, le soleil brûle les yeux,

et chauffe le sang.

 

 

Une jeune femme,

assise à l’ombre d’un olivier,

relève sa jupe au-dessus de ses genoux..

Elle dégrafe son corsage,

et sort un sein rosé,

pour donner la tétée à son bébé.

 

 

Je pense à un tableau de Rubens,

où d’un parfait inconnu d’ailleurs,

mais surtout pas barbouilleur.

 

 

Si j’étais artiste peintre,

je ne voudrais surtout pas

que ce tableau soit bâclé.

 

 

Hommes et femmes arrêtent la cueillette.

Filets, peignes et paniers au sol.

C’est la fin de la journée.

Ils sirotent l’anisette.

 

 

Une fée plane sur le paysage,

et un orvet point son nez.

 

 

Tout ce petit monde se marre,

et raconte son histoire,

glanée dans l’ana de l’année.

Un enfant ânonne son abécédaire

et personne n’est étonné.

 

 

Mon Dieu qu’il fait bon,

et qu’il fait chaud !

L’anisette a son bon côté.

 

 

Soudain, je pense au Congo.

J’ai laissé là-bas un ami quado.

À cette heure-ci, comme moi,

il admire la beauté.

 Il doit boire aussi son anisette,

avec son dingo, couché à ses pieds..

 

 

 

 

Le Prophète

« Il est plus facile de mourir pour ce qu’on croit que d’y croire un peu moins. »

Jean Rostand ( Pensées d’un Biologiste)

 

 

Le prophète

 

 

Un vent d’autan soufflait sur Toulouse.

Où allais-je gîter ?

Je ne connaissais personne.

J’arrivais du japon,

où j’avais reçu l’illumination orale,

d’un kami merveilleux.

J’étais encore sous le choc.

Comme Jeanne, je ne craignais pas le bûcher.

 

 

J’allai coucher dans un champ,

couvert de luzules.

On devait les avoir plantées pour moi,

pour fêter mon arrivée.

Je dormis comme un loir.

 

 

Le lendemain, je proclamai, criai,

ma nouvelle béance spirituelle,

dans les rues, sur les places, partout.

 

 

On commença à rire de moi,

puis à m’insulter,

et pour finir, à me lancer des pierres.

Je me carapatai  et restai coi.

 

 

Oh ! Je veux bien souffrir pour ma nouvelle croyance,

mais je ne tiens pas à être lapidé !

 

 

Apis Mellifica

 

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«  En général, est par métier disposé à se sacrifier celui qui ne sait pas autrement donner un sens à sa vie »

Cesare PAVESE (Le métier de vivre)

 

 

 

 

Apis Mellifica

 

 

Le moco sous la banne,

déguste son anisette,

quand une abeille à ses oreilles

se met à bourdonner.

 

 

Puis vrombit autour de son visage,

comme pour l’avertir d’un danger.

 

 

D’un coup sec il tue l’insecte

qui tombe dans son anisette,

mais pas pour l’empoisonner.

 

 

Le moco irrité quitte le bar sans payer.

 

 

Sur le port, il trébuche et se prend les pieds,

dans des filets qu’on avait mis là à traîner.

Dans des cageots de pêches, il se ramasse,

au milieu d’abeilles énervées.

Un feu du diable le tourmente, à en crever.

 

 

Un pharmacien homéopathe sympathique,

lui donne, en granules, Apis Mellifica 15CH,

pour lui éviter un choc anaphylactique.

Le moco s’en est bien tiré.

 

 

Respectons l’insecte, même le plus minuscule.

Il est peut-être le messager ou le détenteur de notre survie.