lundi, 07 mai 2007
La Ballade des Thugs
« La critique est aisée, et l’art est difficile » DESTOUCHES, Le Glorieux (faussement attribué à Boileau)
La Ballade des Thugs
Son oratorio était tellement magnifique
qu’on le jalousait.
Des compositeurs lui opposèrent Haendel et Bach.
À juste raison :
Les oratorios de Haendel sont sublimes,
et l’Oratorio de Noël de Bach aussi.
Rien à voir avec le sien !
Il se mit quand même à douter.
Son problème devint une aporie.
Sa femme lui conseilla d’écrire
un Ave Maria, comme Gounod.
Il s’emporta avec violence.
Gounod ! Bach ! Haendel !
Non ! j’aimerais mieux écrire une biguine
et la danser avec un gibus.
Sa femme lui prépara des endives,
avec un grand bourgogne carafé.
Ça l’aidait à raisonner.
Il finit son repas avec une chope de bière
et alla voir une tireuse de cartes, fardée de khôl.
Elle brassa les cartes, les tria et fit un bond :
elle venait de tirer l’arcane XI Le Pendu.
Elle était une prêtresse de la déesse Kali.
Elle lui parla de la fraternité des thugs,
dont l’arme est le nœud coulant.
Votre musique doit avoir un rapport avec eux.
Il sortit bouleversé.
Il se remit au travail et composa en un tour de main:
“La Ballade des Thugs”
Elle eut un énorme succès.
Les compositeurs chagrins se gardèrent bien de lui témoigner du dédain :
Le bruit courait qu’il faisait partie de cette secte d’étrangleurs assassins.
09:45 Publié dans Textes/Poèmes coucous désemprisonnés | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Sacré travail sur la forme...
Écrit par : aliscan | lundi, 07 mai 2007
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