coheva42

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 27 octobre 2005

LES VIVANTS

                                                 
 

Pourquoi pleurer, prier, 

Et refleurir les pierres   

De ce petit coin de terre  

Ou le ciel est absent ?     

 

Les tourterelles y viennent   

Les lézards, les pigeons    

Pour nous dire qu’il existe une autre terre,  

Où vivent les Vivants.    

 

Lumineux dans leur beau corps de lumière   

Ils sourient avec chagrin de nous voir,      

En face d’eux, moins vivants.    

 

Nous alourdissons nos chaînes     

Et leurs corps de lumière            

Avec nos pleurs, nos fleurs et nos prières   

Nous les rendons moins vivants.      

 

Nous irons tous dans cet immense éden    

Où le ciel nous comblera de musique,             

De chants célestes, au milieu de treilles,       

Gorgées d’un divin nectar très puissant.    

 

Réjouissons-nous, nous irons tous un jour  

Nous enivrer de ciel et de soleil ,    

Dans le jardin des Vivants.   

Gaudeamus (Poésies et essais) 

lundi, 24 octobre 2005

Nuits blanches

 


ô nuits blanches !                                                   

Tu me mets sur le flanc des pires cauchemars,        

A l’heure la plus sombre et basse de la nuit.       

Les morts vivants sont imprenables.                                     

Dans mes veines circule un sang d’encre et de mort.            

Une lave brûlante au cœur de mes artères.                             

 

Le globe renversé de tes yeux                       

N’y voit rien à redire.                                    

Les traites dorment bien au chaud ,                       

Quand les chauves- souris                     

Se balancent au ciel de mon lit.   

Un boa y a laissé des plumes                       

Et une pincée de myosotis.                             

 

Au petit matin, les enfants,                  

Le nez piqué dans leur bol,  

Astiquent de leurs poings                             

Les éclats de porcelaine bleue                          

Que leur a légués la nuit.                             

 

Moi, le ressuscité blafard,                                 

Epuisé par une si longue attente,                        

Chasse à grands coups de draps humides              

Le soleil des vivants…                                  

 

Au fond d’une seringue,                          

Ou d’une boîte en carton                           

J’y trouverai mon compte                                

Pour passer la journée, au ralenti et vide.      

Regardant hébété les hauts murs décrépis       

De ma misérable vie.                       

 

Au moment du coucher,                  

Sur la table de nuit,                               

Je reverrai, à coup sûr,                     

Le grand magicien noir              

Ricaner de toutes ses dents             

Qu’on dit de nuits blanches...           

  

 

Gaudeamus ( Poésies et textes)

 

dimanche, 23 octobre 2005

Citations

Fermé

10:30 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 20 octobre 2005

Je trie mes pensées, comme mes poubelles...

 

Je trie mes pensées                              

Comme  mes poubelles.                

L’inverse ne m’aurait pas offensé.                      

                                               

L’affectif,                                                 

Je le vide dans ma chambre à coucher.                     

Mes journaux, mes revues, mes  pubs, mes vieux poèmes 

Je les flanque avec joie dans le contener bleu.                 

 

Le matériel, l’argent,                           

dans ma banque et  partout, je les dépose                     

dans ma maison, grenier, cave, jardin, garage, etc.   

Mes bocaux récurés et mes bouteilles vides                 

Je les casse dans le contener vert.                             

 

Mes problèmes de santé, de travail                   

J’en fais bien profiter mon patron, mes amis ,   

Mon médecin (référent) ma femme, et toute ma famille .

Je jette mes ordures ménagères,                             

Dans le contener gris toujours plein d’à coté. 

 

Mes problèmes méta, physiques religieux,

Et psychologiques,    

J’en fais profiter                                    

Mon curé du dimanche et  mon psy déjanté,

Mon coiffeur attitré, mes copains de café. 

Mes eaux sales, usées                                     

Dans le tout-à-l’égout de ma propriété.  

 

Rassurez-vous, je vois toujours la vie en rose.

Je ne garde absolument  rien pour moi.   

Je suis un bon chrétien, je donne sans compter,

Aux œuvres  répugnantes de la société.

Gaudeamus (mes textes)

 

LES BOURREAUX

medium_les_bourreaux.jpg

 

Je ne sais pas pourquoi tout s’emberlificote,

Dans un monde irréel chargé de désespoir.

J’entends les innocents, écrasés sous les bottes,

Crier et supplier les bourreaux dans le noir.

                       

L’amour n’a plus sa place et le peuple le vote.

Les brutes vont chanter et pourrir au pressoir,

Et la lune grimace aux rôdeurs qui grignotent,

A pleines dents , le blé, arraché aux trottoirs.

 

Les gros rats vert de gris agitent leurs menottes.

Les chiendents caverneux poussent surtout le soir.

Les hommes soleilleux nulle part n’ont la cote.

 

La femme au ventre rond se cache et ne veut voir

Le berceau répugnant de langes, de culottes

Qu’on lui roule en riant, pour tuer tout espoir.

Gaudeamus (mes textes)

mardi, 18 octobre 2005

Tristan Bernard

Fermé

13:50 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 17 octobre 2005

Nuits blanches

 

 

ô nuits blanches !

Tu me mets sur le flanc des pires cauchemars,

A l’heure la plus sombre et basse de la nuit.

Les morts vivants sont imprenables.

Dans mes veines circule un sang d’encre et de mort.

Une lave brûlante au cœur de mes artères.

 

Le globe renversé de tes yeux

N’y voit rien à redire.

Les traites dorment bien au chaud ,

Quand les chauves- souris

Se balancent au ciel de mon lit.

Un boa y a laissé des plumes

Et une pincée de myosotis.

 

Au petit matin, les enfants,

Le nez piqué dans leur bol,

Astiquent de leurs poings

Les éclats de porcelaine bleue

Que leur a légués la nuit.

 

Moi, le ressuscité blafard,

Epuisé par une si longue attente,

Chasse à grands coups de draps humides

Le soleil des vivants…

 

Au fond d’une seringue,

Ou d’une boîte en carton

J’y trouverai mon compte

Pour passer la journée, au ralenti et vide.

Regardant hébété les hauts murs décrépis

De ma misérable vie.

 

Au moment du coucher,

Sur la table de nuit,

Je reverrai, à coup sûr,

Le grand magicien noir

Ricaner de toutes ses dents

Qu’on dit de nuits blanches...

 

Gaudeamus (Poésies)

samedi, 15 octobre 2005

Paul Eluard

Fermé

mercredi, 12 octobre 2005

Les mots, nos maux...

 

Les mots, nos maux…

   

(SUPPLIQUE aux enfants du monde)

 

Les mots saignent vivants aux dents des fils de fer

Lumineux insolents triomphants planétaires

En habits verts ou noirs et leurs thuriféraires

Dans le vent en lambeaux ils vont un train d’enfer.

 

Enfants, n’écoutez pas, fuyez les beaux parleurs

J’entends encor crier blasphémer sous la lune

À coups d’obus les mots s’éventrent dans les dunes.

Comment puis-je être heureux dans les blés du malheur ?

 

Voici que brille enfin l’aube de l’an deux mille

Enfants serrez les rangs et soyez plus habiles

À reconstruire un monde en paix avec ses mots

 

Aux étoiles lancez le verbe qui foudroie

Et implorez le ciel qu’un ange le nettoie

En chœur chantez les mots, ils guériront vos maux.

 

 

Gaudeamus (mes textes)

 

Morne nuit

Morne nuit

 

 

 

 

Morne nuit

De ma mansarde  

Je grignote des ardoises grises 

Et m’abreuve de pluie 

 

 

Mon lit est trop grand  

Ou trop petit   

 

 

Au petit matin  

Un pigeon picore

Le ciel de mon toit

Je roule et roucoule  

Des heures de cendres. 

 

 

On frappe à la porte 

J’accours, j’ouvre,

Tu es là souriante

Dans tes apparats

Féminine jusqu’aux bouts des doigts  

Et tout s’illumine à la fois.

 

mardi, 11 octobre 2005

Matinales

           

Je dormirais bien toute l’année 

Dans la plume, dans la fourrure 

Sur l’eau de ton oreiller 

 

Notre amour si fort aurait besoin 

De franchir les  matins clairs  

A petits pas, à pleines mains  

 

Les oiseaux ne tiennent que par un fil  

Sur la voix des poteaux télégraphiques 

 

J’écoute ton cœur tambouriner 

Sous ta fine chemise de nuit 

 

J’avale des oiseaux blonds et craquants 

Aux rets de tes cheveux 

J’écaille des poissons d’argent  

Sur le satin de ta peau 

 

A la pointe de tes seins, 

 Des noisettes de miel  

A tes lèvres  

Des grappes de raisins  

Un vin fort

 A ta bouche vermeille 

 

 Le ciel traîne des outres de pluie.

 

Mon cœur, bien à regret,    

Verrouille les portes de la nuit.

 

Gaudeamus (mes textes)

lundi, 10 octobre 2005

La maison abandonnée

 

 

 

 

La pluie a transformé ma toiture en éponge. 

L’horizon est barré d’un rideau blanc perlé. 

Je sais que je ne suis pas de ce monde. 

Mon âme voyage au gré des saisons,     

Dans des royaumes connus que de moi.   

 

Quelques fois, des enfants jouent dans ma cour,

A la marelle ou à des jeux d’adultes.  

Au bord de mon puits des paysans viennent

Y boire leur piquette. 

Les oiseaux m’accueillent comme leur frère  :   

Leur monde est le mien, mon monde est le leur. 

 

Je voyage très haut sur ma planète immense.

Les milliards d’inconnus de l’autre rive  

Me sourient le matin, me veillent au coucher.  

 

Le temps est révolu des prières obscènes. 

Un ermite, en mes murs,  récite ses prières.

 

Les étangs bleus de ma mémoire ont éclaté  

Des nénuphars volent groupés dans les nuages.

Reconnaissez mes chers maîtres,    

Je ne vous ai pas trahis.        

Je vous ai bien étudiés.  

Ne vous ai pas oubliés, 

Dans les rochers jaunis de mes vieux souvenirs.

 

A l’heure du berger, un génie m’accompagne.  

Il m’explique un ancien texte enfoui dans les lierres.

L’esprit souffle la nuit, sur les plaines des hommes.

Plaines imaginaires.

Mes maîtres, aurez-vous le temps d’hausser la voix ,

Pour que la vérité éclate de plein fouet,       

Aux sommets de ces monts qui couronnent mes jours ? 

Une primevère, un perdreau  hardi

M’ont salué ce matin. 

Un enfant m’a dit bonjour, à demain.     

Sa tignasse soleil m’est familière      

Dans mes rêves, j’étais lui. Et lui moi.  

 

Un message est enterré dans mes ruines,  

Croyez-en le génie, qui  veille sur mon toit.   

Aux âmes pures, sera dévoilé

Son grand hermétisme. 

Pour le décrypter, il faut, dans le mot,

Le lire à haute voix.

Des passants amoureux sont passés à côté,

Redoutant mon secret… 

 
 

Ma plume a bu l’encre de l’encrier.

Et une araignée, châtaigne des bois, 

Lorgne par la serrure  

De la maison abandonnée.

 

N’y voyez rien d’étrange, 

Mais la seule et unique vérité. 

Gaudeamus ( Essais)

 
 
 
 

La ronde des visages

 

 

 

Regardez les visages

Que vous côtoyez chaque jour

Ils reflètent l’image

Du malheur, du bonheur, de l’amour.

                       

Les lèvres sensuelles

Papillent de désir

Aux confins des ruelles

Des plus petits plaisirs.

 

Et les yeux s’émerveillent

De ceci de cela

Des raisins de la treille

Ou d’un brin de lila.

 

Le burin des années

A creusé ses sillons

Dans les faces tannées

Au soleil des grillons.

 

Des relents de mansardes

Flottent sur les amants

Et en moi s’acagnardent

Comme des vieux serments.

 

Au lourd chagrin des veuves

Aux pleurs des orphelins

Que tous les cœurs s’émeuvent

Et se fassent câlins.

 

Les visages en ronde

Tournent, tournent en moi

Ils font le tour du monde

Et m’emplissent d’émoi.

Gaudeamus (Poésies)

 
 

.

 
 
 
 
 

 

 

 

 

Les petits anges

 
 

Les enfants qui ont quitté  tôt

Le sein de leur mère en sanglots

Mettent leur destinée de marbre

Dans la sève et le cœur des arbres

 

Leur envol rend les blés féconds

Donne aux fleurs belle floraison

Le vent effeuille leurs paroles

Aux cahiers des enfants d’école

 

Ils nichent avec les oiseaux

Ils chantent au fond des ruisseaux

Ils goûtent le miel des abeilles

Les baies des haies et les airelles

 

On les voit en toutes saisons

Nulle n’a leur prédilection.

Ils s’amusent avec la neige,

Les cerf-volants et les manèges.

 

Dans nos peines et nos chagrins,

Ils nous tiennent fort par la main.

Ils nous regardent, nous respectent

Nous accompagnent dans nos fêtes

 

Chers parents ouvrez grand les yeux

Pour vos petits anges des cieux

Ils sont au ciel et sur la terre

Joie et puissance tutélaire.

 

Gaudeamus (Poésies)

Au participe passé

Le combat de Jacob et l'Ange de Delacroix en l'église St Sulpice à Paris.

                                                                                   

Jacob, dont le nom indique celui qui supplante, sera décrit sous les aspects d'un personnage fourbe et menteur dans l'Ancien Testament. Il ravira le droit d'aînesse à son frère Esaü par ruse. Son comportement sera profondément modifié après ce combat qui durera jusqu'à l'aube dans le ravin de Yabboq. Son adversaire lui dira : On ne t'appellera plus Jacob mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes, et tu l'as emporté (Genèse 32, 29-31).
Jacob lui demandera :
"De grâce, indique moi ton nom".
"Et pourquoi, dit-il, me demandes-tu mon nom ?"
Là même, il le bénit.
Jacob appellera ce lieu Peniel, c'est-à-dire face de Dieu, car j'ai vu Dieu face à face et ma vie a été sauvée.

 
 
 

         (rêve du 03/11/02)

 

Je me raconte parfois ce mensonge,                       

Honteux à souhait    

De ma lointaine enfance                         

                                                                             

 

Oserais-je conter cette histoire fort louche      

Derrière les grilles             

De ma  noire conscience,                     

Sur l’étole blanche de ma mémoire ?                      

 

L’amour, la jalousie  

M’ont piégé dans des embrouilles furtives.

Dans des chemins de traverse, je fuis. 

Aucune cachette n’est confortable.     

Un œil me poursuit dans mes embuscades, 

Avec ses références.   

 

Je reviendrai encore à mon enfance :    

Contes immoraux

Maladies à prétexte.     

Il est  grand temps pour moi de sortir du préau,    

Afin d’aller jouer, dans la cour des grands.  

 

Je voudrais tant réparer les dégâts                        

D’une écriture amoureuse, perverse,                    

Fade et violente.                                                      

 

Il me faudra relire

Cette très ancienne histoire biblique 

Du combat de Jacob, jusqu’à l’aube, avec l’Ange.

 Je sens la solution de l’énigme être là .              

Mon  problème est resté, jusqu’alors insoluble.                         

 

Ce vieil amour me reviendra mal ravaudé.    

Rancune ou indulgence ?                                              

Comment retrouver toute sa confiance ?. 

La partie est très loin d’être gagnée d’avance.   

 

Dans l’eau lustrale d’un  puits très ancien,

Connu de moi seul,                       

Où  je me laverai en larges ablutions,

Je reprendrai des forces,    

Bravoure, à toute épreuve. 

 
 

Il  m’est indispensable  

De me ressourcer 

De revenir à l’homme primitif.

 

Et je me battrai nu, tel Jacob avec l’Ange. 

A poings découverts, 

 

A la face des hommes.

 

Je contemplerai Dieu. Je changerai de nom

 

 Et je serai sauvé.

 
 
 

Nue dans ton miroir


Dans l’étang bleu de ton miroir
Nue, tu écosses tes prunelles
Perses. Tes nattes de foin noir
Festonnent ta nuque d’airelles.

Un long et fin sillon de blé,
Semé de friselis d’abeilles,
Egalise ton dos hâlé,
Vivifiant comme une treille.

Dans l’air tu dégaines tes bras,
Tu épingles mille sourires,
Tu t’entortilles dans tes draps
Et me convies à ton délire.

Les fuseaux vermeils de tes doigts
Epèlent sur ta peau de pèche
Les préludes que je te dois :
La morsure à ta source fraîche,

Les nœuds humides de mes liens,
Ma buée emmêlée à ta buée,
Mon reflet enlacé au tien,
Des éclairs de musc dans les nuées,

L’aubépine de mes baisers
Sur les pétales de tes lèvres,
Mes paroles pour apaiser
Tes paumes aux sillons de fièvre,

A tes jambes les ciseaux d’or,
A tes genoux l’ivoire tendre,
A tes pieds la clé du trésor
Que mon cœur couve sous la cendre.

Dans la craie de ton ventre doux,
Les ébats de ma tête folle,
Pour brûler le front d’amadou
De mon cheval qui caracole.

Grêle de braises, satin, feux,
Sur ta cuisse nacre et pervenche.
Pluie de menthe en tes cheveux,
Grelots de muguet à ta hanche.

Je suis l’épée de ton fourreau,
La coquille de ta fontaine,
La cavalcade, toi le trot,
La lance mais toi la quintaine.

Tu musardes dans les sentiers
Pour ton plaisir et pour ma joie,
Dans les nids et les noisetiers,
Tu files ton cocon de soie.

Tu égouttes les myosotis
De nos embrassades fougueuses.
Hélas, tu redeviens le lis
Fondu parmi les nébuleuses.

Pars, déchires tes filets d’eau…
Tes jupons vides m’accaparent
Le soleil sasse les rideaux ,
Ailleurs je largue les amarres…
  
Un frisson de neige à ton cou,
Tes seins une poussée de sève,
Tes reins l’arc-boutant de mes coups,
Tes chauds gazouillis sous mon glaive.

Et ce cri d’oiseau qui t’achève…

 
A l’averse pleine d’émoi,
Nu, j’ai dédié tes caresses,
Pour que vive toujours en moi,
Du plain chant de ton corps, l’ivresse.

Gaudeamus (mes textes)

STRIP-TEASE au Night-Club.

                                                   Tableau de Claudia Roussi


 

 

 

 

Dans la nuit, le “Borsalino”  

Etrille son mauvais néon      

Dans une danse de sabbat.   

Sur le mur, un collier de braises  

Crépite en milliers d’étincelles.    

 

A minuit surgit l’effeuilleuse                    

Aux sons rauques des tambours mâles…   

 

Une campanule de feu                   

Ensoleille la piste étroite               

Patène au miroir éclatant                

Egratigne le ventre rouge                  

Au nombril incrusté d’argent              

Caresse la cuisse dorée                       

Vibrante comme une cymbale                    

Lèche l’incarnat de la jambe   

Sous des rythmes de sable chaud.                     

 

Des pétales blancs de lumière                 

Se nichent sous l’aisselle intime                  

Avec une vive indolence.                               

La croupe lutine l’orchestre                    

Dans des arabesques savantes.                              

Les yeux clairs taraudent l’espace                    

A l’ horizon bouché de suie.                           

La nacre chaude de la gorge

Palpite tel un filet d’eau

Tandis que les seins pétulants

Dans leurs deux coquilles d’étain

Jutent des éclats de grenades

Puis giclent leur neige éblouie.

 

Dans des frissons aphrodisiaques,

Les dessous épars sur le sol

Bas, jarretelles, soutien-gorge,

Et autres résilles sexy                                 

S’abandonnent au viol public.

 

Des perles de silence tombent

Avec le triangle de soie,

Quand jaillit le sexe en broussaille

Apeuré comme un cri d’oiseau.

 

Les mégots dans les cendriers

Et sur les lèvres sépulcrales

Etranglent leurs volutes bleues

Dans l’immense encensoir feutré.

 

Sous les tables en pourpoint ocre

Le dieu Priape s’émoustille ,

Tel le champagne dans les coupes…

 

Perchées sur de hauts tabourets

Et accoudées au zinc du bar,

Trois girls, aux longues bottes blanches

Qui capuchonnent les genoux

Et la mini-jupe accueillante

Scrutent les hommes en délire,

Pour prendre les poses lascives

Et fascinantes de l’instant.

 

Le cabaret sue et halète

Sous la pioche des musiciens.

Le piano excède et agace

Les trémoussements de la fille

Qui s’offre aux spectateurs tendus…

 

Soudain sa nudité se noie

Dans les flots blonds de ses cheveux ;

Imprégnés d’un nard enivrant

Que butinent avec molle ivresse

Les fraises sucrées de sa bouche.

 

Les respirations reprennent…                     

 

Dans la nuit le « Borsalino »

A fleur de peau, fou, aviné,

Frémit, s’encanaille et s’enflamme

Avec Lucifer sur son toit.

 

Pour les profanes du dehors,

La messe noire bat son plein…

 
 

SURSUM CORDA !SURSUM CORDA!

 

ITE  MISSA EST !

 
 
 
 
 
 

Mon île

 

 

Crois-tu ô déesse de passage

Que la poulie de mes mains enflammées

Saura décorsager ton cœur ?

 

 

Je rêve de pruniers vierges en fleurs

Perdus sur une île sauvage,

Où ma gourmandise n’aurait pas de fin.

 

 

Dans ta robe relevée je dépose des fleurs.

Tes mains inoccupées me permettent de te caresser,

De te donner des baisers fous et brûlants.

 

 

Tu y prends du plaisir et moi aucun chagrin.

Soudain tu lâches ta robe et tes fleurs,

Comme on lâche un refrain.

 

 

Tu te mets à me servir les alcools les plus forts

Que ton corps possède,

Dans tes cheveux d’ébène, dans  ta bouche, dans  tes mains,

Entre  tes cuisses, entre tes seins.

 

 

De ton nid secret et bouclé perle une pluie fine

Ma gourmandise est comblée.

Je sais que j’ai trouvé mon île.

 

 

 Ma soif n’aura plus jamais de fin

La  soif de toi , mon bel oiseau des îles.

O toi  qui est passée dans ma vie,

 

 

Un merveilleux matin,

Dans une grande prairie

Qui sentait bon les fleurs et le foin.

 

 

Gaudeamus

 

NOMADE DES QUATRE SAISONS

O mon amour de lierre,

De moisson, de fenaison,

D’été toujours recommencé!

 

La lourde grille rouillée

Du portail un peu  grinçant

Qui donnait sur le parc

D’un vieux château bourru

Où nous écrasions nos baisers

N’y pourra rien

Ton souvenir reste accroché

A tout jamais

Aux piques du vent.

 
Mon cœur ré embobine à fond chaque saison
L'été met des grillons, à ma bouche, à mes dents,

Et à mes reins, l’ hélice en feu de mes élans.          

L’automne s’alanguit dans tes lettres mouillées.

L’hiver se met au chaud sur tes seins, sur ton ventre.

Le printemps s’encanaille au bas de tes jupons.

D’autres femmes ont pris ta place assurément.

 

Je nomade aux coins des quatre saisons.

Vais-je me décider à tout brûler,

A jeter aux orties tes baisers, tes mots doux ?

 

Ta source en moi n’est pas tarie.

Ta robe vichy d’un rose bonbon

S’effiloche devant mes yeux

Et ton parfum bien indéfinissable

Me tient éveillé nuit et jour.

 

Refermeras-tu en une saison

La porte de la chambre entrebâillée

De nos fugitifs, de nos éternels serments ?

Gaudeamus (mes textes)

Derrière les murs

 

Le temps s’accroche aux rideaux.

Les soliloques n’y peuvent plus rien

Un soleil glacial et rusé

S’invite à la table

Dans un bol blanc ébréché

 

Sur le tablier de la cheminée

Une grosse pipe défunte

Baille au crucifix pendu

L’âtre a perdu ses brillants

Un chaudron enrobé de suie

Marche à trois pieds

Dans un univers sépulcral.

Soudain la grosse armoire

En chêne verni se met à crier

Une petite fille espiègle, ébouriffée

Blonde comme les blés

Remue tout en entrant

 

Les ombres glissent sous les meubles

Et s’acagnardent dans les coins

 

Elle plaque un baiser furtif et négligent,

Sur les joues de l’aïeule, assise sur sa chaise 

« Mamie il faudrait bouger.

Ma maman dit que tu ne bouges pas assez »

« Oui ma petite fille mais mes jambes, mes jambes… »

 

« Je te laisse le pain mamie…  »

Puis, un autre baiser étourdi, insolent.

Tout se remet en place

La vieille horloge à balancier

A replacé ses doigts sur le cadran du temps

A petits bruits

A pleines dents.

 

 

Gaudeamus (mes textes)