lundi, 10 octobre 2005
La maison abandonnée
La pluie a transformé ma toiture en éponge.
L’horizon est barré d’un rideau blanc perlé.
Je sais que je ne suis pas de ce monde.
Mon âme voyage au gré des saisons,
Dans des royaumes connus que de moi.
Quelques fois, des enfants jouent dans ma cour,
A la marelle ou à des jeux d’adultes.
Au bord de mon puits des paysans viennent
Y boire leur piquette.
Les oiseaux m’accueillent comme leur frère :
Leur monde est le mien, mon monde est le leur.
Je voyage très haut sur ma planète immense.
Les milliards d’inconnus de l’autre rive
Me sourient le matin, me veillent au coucher.
Le temps est révolu des prières obscènes.
Un ermite, en mes murs, récite ses prières.
Les étangs bleus de ma mémoire ont éclaté
Des nénuphars volent groupés dans les nuages.
Reconnaissez mes chers maîtres,
Je ne vous ai pas trahis.
Je vous ai bien étudiés.
Ne vous ai pas oubliés,
Dans les rochers jaunis de mes vieux souvenirs.
A l’heure du berger, un génie m’accompagne.
Il m’explique un ancien texte enfoui dans les lierres.
L’esprit souffle la nuit, sur les plaines des hommes.
Plaines imaginaires.
Mes maîtres, aurez-vous le temps d’hausser la voix ,
Pour que la vérité éclate de plein fouet,
Aux sommets de ces monts qui couronnent mes jours ?
Une primevère, un perdreau hardi
M’ont salué ce matin.
Un enfant m’a dit bonjour, à demain.
Sa tignasse soleil m’est familière
Dans mes rêves, j’étais lui. Et lui moi.
Un message est enterré dans mes ruines,
Croyez-en le génie, qui veille sur mon toit.
Aux âmes pures, sera dévoilé
Son grand hermétisme.
Pour le décrypter, il faut, dans le mot,
Le lire à haute voix.
Des passants amoureux sont passés à côté,
Redoutant mon secret…
Ma plume a bu l’encre de l’encrier.
Et une araignée, châtaigne des bois,
Lorgne par la serrure
De la maison abandonnée.
N’y voyez rien d’étrange,
Mais la seule et unique vérité.
Gaudeamus ( Essais)
20:35 Publié dans Poésies et textes divers | Lien permanent | Commentaires (0)
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