vendredi, 05 septembre 2008
Dévidons le jars*
Dévidons le jars*
Un pauvre giverneur* ,
Après avoir lampé un tord-boyau* ,
S’est fait tortouser* les brancards*,
Par quatre malfrats de la pire espèce.
Ce n’était pas des battaudiers*,
Mais des romanos*.
Ils lui ont tricoté les côtes* ,
Pour lui poisser ses philippes *.
Le giverneur* n’avait hélas rien à accoucher*.
Furieux, ils lui arrachèrent son bénard*,
Et lui enfoncèrent un rossignol* dans le figne*.
Ils l’ont encore trépigné*, tordu la vitelotte* ,
Cassé les apôtres* et crevé les châsses* .
Ils lui épilèrent les hirondelles* ,
Et lui coupèrent les loches*.
N’en pouvant mais, le giverneur* avala sa chique*.
Pour finir, ils lui enlevèrent sa viscope*,
Restée bien vissée sur son caillou*,
Et dénichèrent dans la doublure
Une roue de derrière*.
(Ce n’était pas de la carme à l’estoque*…)
Le cadavre du giverneur*
Fut abandonné à son sort dans le trimard *.
Un troussier * pris de remord
Revint sur ses pas et lui trancha le jabot* avec son amiral*.
Un biffard* de la vergne* les avait pommé marron*.
Il alla en courant rouscailler* aux cognes *
Tout ce qu’il avait reluqué.
Les quatre troussiers* furent accrochés*, entoilés*,
Et condamnés à l’Abbaye de Monte-à-Regret* .
Le faucheur *se fit un plaisir de les raccourcir,
Sans un ratichon* pour les passer au lavoir*,
Ni personne pour les verver*.
Leurs corps n’eurent pas droit à la boîte à domino*.
On jeta de neuil* leurs morceaux dans la mouscaille* ,
Et renvoyés chez le rabouin*…
Bref avec tout ce qui trouillote* .
Abbaye de Monte-à-Regret : guillotine
Accoucher : avouer
Accrocher : arrêter
Amiral : couteau, en argot de bagne
Avaler sa chique : mourir
Battaudier : mendiant
Bénard : pantalon
Biffard : bourgeois
Boîte à dominos :cercueil
Caillou : crâne
Carme à l’estoque : fausse monnaie
Châsses : yeux
Cognes : gendarmes
Dévider le jars : parler argot
Entoiler : emprisonner
Faucheur : bourreau
Figne : anus
Giverneur : vagabond
Jabot : gorge
Lavoir : confessionnal
Les apôtres : les doigts de la main
Les brancards : les jambes
Les hirondelles : moustaches
Les loches : oreilles
Mouscaille : déjections
Neuil : nuit
Poisser ses philippes : prendre son argent
Pommer marron : prendre sur le fait
Rabouin (le) : le diable
Ratichon : prêtre ou abbé
Romano : romanichel
Rossignol : fausse clef
Roue de derrière : pièce de cinq francs
Rouscailler : parler
Tord-boyaux : eau de vie
Tortouser : attacher
Trépigner : battre
Tricoter les côtes : battre
Trimard : chemin
Trouilloter : sentir mauvais
Troussier : assassin
Vergne : ville
Verver : pleurer
Viscope : casquette
Vitelotte : nez
GAUDEAMUS
16:43 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Une véritable torture à décrypter ton texte. Tu n'y es pas allé de main morte sur ce coup! Un vrai "faucheur" tu es, mais je dois être masochiste, j'ai pris mon temps...
Salauds de troussiers, bien fait pour leurs gueules !!!
Écrit par : Lidia | vendredi, 05 septembre 2008
Merci Lidia d'avoir fait l'effort du décryptage et d'en avoir accepté la torture...
Écrit par : Gaudeamus | samedi, 06 septembre 2008
Rires ... La lecture fut plus lente mais délectable !!!!!
Encore !!!!!
Écrit par : Arwenn | samedi, 06 septembre 2008
Là t'as fait fort mec et je trouve que l'argot a parfois plus de gueule que le bon français
Écrit par : Serge | dimanche, 07 septembre 2008
très très drôle et bien écrit en argot, mes apôtres ont voltigé sur le clavier pour te le dire.
salut
Écrit par : André | dimanche, 07 septembre 2008
Tu as bien raison Serge, je le pense aussi.
Quant à toi André, c'est sympa de me donner ton avis sur ce texte argotique, mais, en ce qui me concerne, mes "apôtres",ne sont pas aussi rapides que les tiens sur le clavier, surtout à l'heure qu'il est ...
Écrit par : Gaudeamus | dimanche, 07 septembre 2008
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