vendredi, 02 novembre 2007
Lorsque viendra le printemps...
Lorsque viendra le printemps,
si je suis déjà mort,
les fleurs fleuriront de la même manière
et les arbres ne seront pas moins verts
qu'au printemps passé.
La réalité n'a pas besoin de moi.
J'éprouve une joie énorme
à la pensée que ma mort n'a aucune importance.
Si je savais que demain je dois mourir
et que le printemps est pour après-demain,
je serais content de ce qu'il soit pour après-demain.
Si c'est là son temps, quand viendrait-il sinon
en son temps ?
J'aime que tout soit réel et que tout soit précis ;
et je l'aime parce qu'il en serait ainsi, même
si je ne l'aimais pas.
C'est pourquoi, si je meurs sur-le-champ, je meurs content,
parce que tout est réel et tout est précis.
On peut, si l'on veut, prier en latin sur mon cercueil.
On peut, si l'on veut, danser et chanter tout autour.
Je n'ai pas de préférences pour un temps où je ne pourrai
plus avoir de préférences.
Ce qui sera, quand cela sera, c'est cela qui sera ce qui est.
Fernando PESSOA ( Le Gardeur de Troupeau) Gallimard 1960
20:34 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
merci.. :-)
Écrit par : . | vendredi, 02 novembre 2007
Les printemps reviennent toujours pourtant la disparition de certaines personnes aimées nous les font paraître un peu moins... verts. C'est vrai ma mort n'a aucune importance mais celle des autres est terrible et incompréhensible.
Écrit par : aliscan | dimanche, 04 novembre 2007
C'est vrai la mort des êtres aimés nous touchent plus que notre propre mort, à venir... Mais n'est-ce pas aussi cette certitude qui nous attristent ?... Pessoa, avec son poème, nous donne beaucoup à réfléchir.
Écrit par : Gaudeamus | dimanche, 04 novembre 2007
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