mercredi, 27 juin 2007
On ne badine pas avec l’amour…
« Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres émigrants ».
Apollinaire
On ne badine pas avec l’amour…
En Allemagne, j’étais un welche*.
Je portais pourtant un futal
De qualité, sans être Belge.
J’osai quand même aller au bal
Musette…
J’y rencontrai une grisette.
On a dansé un bal d’enfer,
Tous deux, de guinguette, en guinguette,
À visage bien découvert
Nus corps et âme…
Je lui ai déclaré ma flamme,
Et proposé la rédowa *.
Elle me fit une réclame :
Chéri, dansons une java
Noise…
Ah ! elle était bien Bavaroise.
Déçu, satisfait à la fois…
Je compris qu’elle était bourgeoise.
Moi, je n’étais qu’un villageois.
De vivre…
Je bus donc à en être ivre.
Elle se mit à boire aussi
Avec beaucoup de savoir-vivre
J’en fais ici le vrai récit
Détaillé…
Je sus vite où elle était née.
Ses parents avaient un château
Châtelains, dignes, fortunés.
Elle avait donc un beau trousseau
De chemises…
J’évitai donc les paillardises,
En leur parlant des négondos*.
Je leur donnai la convoitise
De l’Amérique eldorado
Ma terre promise…
Dans leur parc plein de vantardise
Et de cygnes dans leur étang
Ils m’avouèrent avec franchise
Qu’ils n’avaient plus un sou vaillant
Rien d’impossible…
Aussi, j’avouai l’irrémissible :
J’étais marié avec enfants.
Ils se montrèrent inflexibles.
J’étais pour eux un intrigant
Et madré…
Elle s’appelait Mariethé
J’ai fait mes adieux, en pleurant
Pleurs de croco bien calculés
Et j’ai pris mon sac d’émigrant.
Grand Dieu !…
« Laissez, laissez mon cœur s’enivrer d’un mensonge ». Baudelaire
*Welche : n.m. Anc. Étranger pour les Allemands.
*Rédowa : n..f.. Danse ancienne à trois temps.
*Négondo : n.m. Érable Américain.
06:36 Publié dans Textes/Poèmes coucous désemprisonnés | Lien permanent | Commentaires (0)
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