mardi, 26 juin 2007
Un paysan au-dessus de tout soupçon
« Chaque assassin est probablement le vieil ami de quelqu’un ».
Agatha Christie
« Le plus lâche des assassins, c’est celui qui a des remords ».
Jean-Paul Sartre ( Les Mouches)
Un paysan au-dessus de tout soupçon
Dans le fenil, le foin se repoudre en mauve.
Le soleil est à son couchant.
Le paysan m’annonce :
« C’est un ciel d’esquimau. Demain il fera beau ».
Avec une alêne, il se met à percer
le harnais de son cheval.
Les trous ne sont pas assez hauts.
Soudain, il se donne une gifle furieuse.
Les mouches l’agacent.
Dans le fenil, elles sont déchaînées à l’envi
contre le paysan.
Il sort du fenil en maugréant :
« Vous savez, me dit-il il, je ne me bile pas.
Les êtres nuisibles, je sais les amorcer.
Rien ne m’émeut. Je les tue à mains nues.
Même ma bourgeoise se tient à carreau ».
Il s’arrête pour se rouler une cigarette.
Je lui rétorque :
« Vous êtes un drôle de rigolo ! ».
Il me répond :
« C’est ce qu’on dit de moi. C’est sans doute vrai.
J’ai 70 balais et je n’ai jamais tué une mouche, ni tiré un perdreau ».
Je lui lance en riant :
« Dans ce cas, vous êtes un assassin au-dessus de tout soupçon ».
Il me regarde avec des yeux méchants :
« C’est ben vrai ça ! Venez ! on va arroser ça ! Faut ben tuer le temps ! ».
Je me suis fait un ami de ce paysan. Je l’appelle monsieur Victor.
C’est peut-être le plus finaud des assassins, sans remords…
On dit qu’il a zigouillé des boches pendant la guerre,
et qu’il trousse sa femme à la hussarde.
( ce sont les mauvaises langues bien sûr…)
Prudent, je reste donc sur mes gardes…comme sa femme…
05:35 Publié dans Textes/Poèmes coucous désemprisonnés | Lien permanent | Commentaires (0)
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