vendredi, 15 juin 2007
Au bal des vieilles filles
« Quand il y a une vieille fille dans la maison, les chiens de garde sont inutiles ».
Honoré de Balzac
Au bal des vieilles filles
Au bal des vieilles filles,
j’ai enfin voté pour elle,
parmi toutes les femmes présentes.
Elle a l’air d’une potiche,
posée là, pour recevoir le vomi,
de tous ces abrutis de vieux garçons.
Je la conduirai à l’autel,
et lui ferai un fils très tôt
qui m’aidera à tous les travaux des champs
J’espère qu’elle ne chipotera pas sur mes sentiments.
Sinon,
Je choisirai la deuxième
qui ne jure que par le rabbi.
Je me ferai juif s’il le faut,
et lui râperai les ailes,
pour la rendre plus juteuse à mes sentiments.
Choisir une femme, sur un coup de dés,
au bal des vieilles filles,
est pour moi aussi sacré
que le dernier des sacrements.
13:53 Publié dans Textes/Poèmes coucous désemprisonnés | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Tu nous fais toujours rire Gaudeamus avec tes textes dijonctés, mais non moins curieux. Je suis célibataire ( enfin un peu !)et je ne vomis pas en face des vieilles filles, je les aime bien moi.
Écrit par : André | vendredi, 15 juin 2007
LES VIEILLES FILLES
J'aime les vieilles filles. Et lorsqu'elles sont laides, c'est encore mieux.
Les vieilles filles laides, acariâtre, bigotes ont les charmes baroques et amers des bières irlandaises. Ces amantes sauvages sont des crabes difficiles à consommer : il faut savoir se frayer un chemin âpre et divin entre leurs pinces osseuses. Quand les vieilles filles sourient, elles grimacent. Quand elles prient, elles blasphèment. Quand elles aiment, elles maudissent. Leurs plaisirs sont une soupe vengeresse qui les maintient en vie. Elles raffolent de leur potage de fiel et d'épines. Tantôt glacé, tantôt brûlant, elles avalent d'un trait leur bol de passions fermentées. Les vieilles filles sont perverses. C'est leur jardin secret à elles, bien que nul n'ignore leurs vices.
Les vieilles filles sont des amantes recherchées : les esthètes savent apprécier ces sorcières d'alcôve. Comme des champignons vénéneux, elles anesthésient les coeurs, enchantent les pensées, remuent les âmes, troublent les sangs. Leur poison est un régal pour le sybarite.
L'hypocrisie, c'est leur vertu. La médisance leur tient lieu de bénédiction. La méchanceté est leur coquetterie. Le mensonge, c'est leur parole donnée. Elles ne rateraient pour rien au monde une messe, leur cher curé étant leur pire ennemi. Le Diable n'est jamais loin d'elles, qui prend les traits de leur jolie voisine de palier, du simple passant ou de l'authentique Vertu (celle qui les effraie tant). Elles épient le monde derrière leurs petits carreaux impeccablement lustrés. Elles adorent les enfants, se délectant à l'idée d'étouffer leurs rires. Mais surtout, elles ne résistent pas à leur péché mignon : faire la conversation avec les belles femmes. Vengeance subtile que de s'afficher en flatteuses compagnies tout en se sachant fielleuses, sèches, austères... C'est qu'elles portent le chignon comme une couronne : là éclate leur orgueil de frustrées.
Oui, j'aime les vieilles filles laides et méchantes. A l'opposé des belles femmes heureuses et épanouies, les vieilles filles laides et méchantes portent en elles des rêves désespérés, et leurs cauchemars ressemblent à des cris de chouette dans la nuit. Trésors dérisoires et magnifiques, à la mesure de leur infinie détresse. Contrairement aux femmes belles et heureuses, elles ont bien plus de raisons de m'aimer et de me haïr, de m'adorer et de me maudire, de lire et de relire ces mots en forme d'hommage, inlassablement, désespérément, infiniment.
Raphaël Zacharie de IZARRA
Écrit par : Raphaël Zacharie de IZARRA | vendredi, 10 septembre 2010
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