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jeudi, 03 mai 2007

La femme à la jarre

« Les révolutions sont des temps où le pauvre n’est pas sûr de sa probité, le riche de sa fortune et l’innocent de sa vie ». Joseph Joubert (Carnets)

 

 

 

 

La femme à la jarre

 

 

 

 

L’émeute gronde à grands pas :

un pogrom ou on ne sait trop quoi…

Les juifs se réfugient, 

dans leur synagogue ou chez eux.

On ne sait jamais…

Le souvenir des camps leur est resté

en travers de la gorge.

La meute braille, armée jusqu’aux dents.

 

 

 

 

Dans la rue, une femme voilée,

une jarre sur la tête,

tous les matins, par beau temps,

passe majestueuse.

 

 

 

 

Simon, derrière sa fenêtre,

l’observe.

Il a le béguin pour elle.

Un peu honteux de ce voyeurisme

amoureux.

 

 

 

 

Il est juif, elle est arabe.

Il lui a écrit en secret une quasida,

passionnée .

 

 

 

 

L’émeute approche, la femme hâte le pas.

Une volée de pierres

cassent la jarre,

frappent la femme à la nuque.

Elle s’effondre.

Du sang noir au sol,

et sur son haïk blanc.

 

 

 

 

Simon se précipite,

La prend dans ses bras.

Elle lui sourit résignée,

les yeux grands ouverts,

étonnée de ce soleil froid,

en plein midi.

 

 

 

 

 

Les émeutiers s’arrêtent en silence,

têtes basses, déconfits.

 

 

 

 

Simon les accuse d’un crime de sang.

Ils disent qu’ils n’y sont pour rien.

Aujourd’hui n’est pas jour de vengeance !

Que faisait-elle sur leur chemin ?

 

 

 

 

Avec l’eau de la jarre, ils s’en lavent les mains.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

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